Cette transformation, dont la réflexion date bien avant la crise et s'avère structurelle de par sa nature et au regard des investissements colossaux qu'elle nécessite, a été d'ores et déjà amorcée, durant le confinement, par certains opérateurs du secteur coopératif avec le lancement de sites marchands pour poursuivre la commercialisation de leurs produits.
Engouement pour développer des initiatives innovantes
Les initiatives ne manquent surtout pas pour promouvoir et accompagner cet essor prometteur. Il s'agit notamment du cas de "AgriSoo9", plateforme du e-commerce lancée en mai dernier, par la business unit "Agri Edge", pour aider les coopératives à commercialiser leurs produits directement auprès de clients et gagner en visibilité en s'appuyant sur la puissance du digital.
Ladite plateforme prévoit aussi la solution d'une communication par SMS pour les coopératives ne disposant pas d'outils adaptés. Mieux encore, elle permet aux coopératives inscrites de bénéficier de formations en marketing et communication digitale.
Dès lors, il apparaît évident que la coopérative marocaine est face à l'urgence d'adhérer davantage à l'esprit entrepreneurial et ce, tout en capitalisant sur ses différentes ressources, particulièrement celles humaines, en vue d'atteindre l'inclusion sociale et la croissance durable attendues.
C'est dans ce sens que l'Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) à Benguérir et la Fondation OCP ont lancé en mai, le "Cooplab" qui est un laboratoire d'expertise et de soutien aux coopératives.
Concrètement, ce laboratoire a pour mission de proposer une offre de formation, de partage et d'accompagnement au profit des acteurs, basée sur un apprentissage par la pratique "Learning by doing", ainsi que de promouvoir une culture d'innovation et d'excellence via la mise à disposition de l'expertise de l'écosystème entrepreneurial de l'UM6P.
Dispositif de développement d'une économie inclusive et équitable, un catalyseur de changement et un maillon important destiné à forger le système coopératif, "Cooplab" vise aussi à accompagner des coopératives à travers un service professionnel avec une démarche inclusive et innovante.
Parallèlement, l'Office du développement de la Coopération (ODCO) a mené une série d'actions pour doter les coopératives des moyens nécessaires à une reprise sur de bonnes bases. L'Office a, à cet effet, lancé un appel à manifestation d'intérêt pour bénéficier de la quatrième tranche du programme "Mourafaka" d'accompagnement des coopératives. Une initiative qui porte sur 500 coopératives marocaines et vise à faire émerger une nouvelle génération de coopératives performantes et innovantes.
L'ODCO a également annoncé l'accompagnement des coopératives qui désirent bénéficier des offres de financement du Programme intégré d'appui et de financement des entreprises "Intelaka".
Des incitations à aller de l'avant et gagner en performance
Pour encourager ces coopératives à investir davantage dans cette voie digitale qui permet d'augmenter significativement l'efficacité et la performance, le Centre marocain de mise à niveau des coopératives (CMMNC) a organisé un "Prix national des coopératives".
"Il s'agit du premier concours digital lancé au profit des coopératives marocaines dans l'objectif de les encourager à sortir de cette crise et créer une ambiance de compétition à même de pouvoir commercialiser leurs projets et produits via les réseaux sociaux", a expliqué, dans une déclaration à la MAP, l'expert en marketing digital et l'e-commerce Mohamed Jilou, président du CMMNC.
En outre, le Centre a initié des sessions de formations à distance dans les domaines du e-commerce et e-marketing au profit des coopératives qui ont participé à cette compétition, a-t-il ajouté.
Et de poursuivre: "Dans le cadre de la valorisation des efforts de l'Etat et des institutions œuvrant au développement des coopératives, le Centre a développé la plateforme "Coop Maroc" qui est gérée par des experts en e-commerce".
Connue auparavant comme le 1er annuaire des coopératives marocains rassemblant plus de 2.600 coopératives de différentes régions et domaines, cette plateforme s'est dotée du service de commercialisation des produits des différents secteurs d'activités, s'est félicité M. Jilou.
"Les coopératives, élément important de l'économie nationale, ont souffert des répercussions de la crise du Covid-19, en particulier durant le confinement marqué par un arrêt brutal d'activité pour la majorité des opérateurs de ce secteur. Rares sont les coopératives qui ont réussi à résister à cette crise et su en tirer profit pour augmenter leurs ventes. Il s'agit notamment de celles qui se sont orientées vers le e-commerce comme solution pour commercialiser leurs produits au niveau national", a-t-il souligné.
Cette crise a permis à nombre de coopératives de découvrir l'univers du marketing digital pour commercialiser les produits et liquider le stock qui était destiné à la base aux marchés, salons et foires locaux et nationaux, a relevé M. Jilou.
Les réseaux sociaux et les sites marchands ont joué un rôle majeur en matière de connexion entre les vendeurs et les consommateurs, a-t-il noté, ajoutant que la digitalisation a été bénéfique également pour organiser des sessions de formations à distance, ce qui a facilité l'accès à l'information.
A en croire les chiffres de 2019 de l'ODCO, le tissu coopératif marocain compte 27.262 coopératives, dont 35% sont des structures féminines. Ces coopératives sont réparties sur Casablanca-Settat (3.091), Fès-Meknès (3.050), l'Oriental (3.027), Rabat-Salé-Kénitra (2.653), Marrakech-Safi (2.558), Souss-Massa (2.501), Tanger-Tetouan-Al Hoceima (2.270), Guelmim-Oued Noun (2.194), Laâyoune-Sakia El Hamra (2.013), Drâa-Tafilalet (1.814), Béni Mellal-Khénifra (1.747) et Dakhla-Oued Eddahab (342).
Fort de la diversité de ses domaines d'activités (main d’œuvre, agriculture, forêts, pêche, mines, artisanat, habitat, transport, alphabétisation, tourisme, commerce de détail, art et culture, exploitation des carrières, e-commerce, traitement de déchets, etc) le secteur coopératif regorge d'importantes potentialités à même de contribuer à la lutte contre la pauvreté, l'exclusion sociale et l'informel.